Le Canada est un des pays qui accueille le plus grand nombre de réfugié·es, comptant près de 1 million de personnes réinstallées au Canada depuis 1980. Les personnes ayant fui leur pays d’origine disposent souvent de peu de ressources à leur arrivée au Canada, ce pour quoi il est important de leur offrir des services d’aide à l’emploi.
La participation au marché du travail des personnes réfugiées est généralement inférieure à celle de la population générale. Plusieurs facteurs expliquent cette situation, tel que la difficulté à faire reconnaître des diplômes et des compétences de l’étranger, les connaissances limitées des langues officielles et l’arrivée récente au pays. L’évaluation des programmes d’aide à l’emploi spécifiquement conçus pour les réfugié·es est nécessaire pour s’assurer de leur efficacité et, ultimement, d’améliorer leur intégration dans un emploi qui reflète leurs qualifications.
À partir d’une analyse documentaire du fonctionnement du soutien à l’emploi des réfugié·es et de 70 entretiens avec des organismes et des personnes réfugiées, Garnier évalue les programmes d’employabilité dans les trois territoires à l’étude : le Québec (Canada), la Nouvelle-Galles du Sud (Australie) et la région de Bruxelles (Belgique). Elle porte une attention spécifique aux programmes pour les réfugié·es de 18 à 35 ans.
L’autrice relève d’abord un enjeu concernant la disponibilité des données statistiques. Pour les trois pays à l’étude, il n’y a effectivement pas de données sur les taux et les revenus d’emploi ventilées par âge, ce qui ne permet pas de bien saisir la réalité distincte des jeunes réfugiés.
En comparant la réglementation des trois pays, Garnier rappelle ensuite la complexité des relations entre les différents prestataires de services pour les personnes réfugiées dans un contexte fédéral. Le Canada, l’Australie et la Belgique étant des États fédéraux, la responsabilité de la mise en œuvre et de la réglementation des programmes de soutien à l’emploi des personnes réfugiées est partagée entre les paliers gouvernementaux et les organismes communautaires locaux, souvent subventionnés par le gouvernement fédéral.
Trois constats découlent de la comparaison internationale de Garnier :
- La mise en œuvre des programmes de soutien à l’emploi pour les personnes réfugiées est souvent présentée en termes de partenariat et de complémentarité. Cela s’explique par la division et la spécialisation des services entre différents organismes, obligeant la création de partenariats pour offrir un service complet de soutien à l’emploi.
- La mise en œuvre est entravée par les contraintes imposées aux organismes par les autorités publiques qui les subventionnent, par la lourdeur de la reddition de comptes et par le mandat de servir un public aussi large. Par exemple, certaines personnes ne peuvent pas s’inscrire à plus d’un programme de soutien à l’emploi à la fois, ce qui crée une logique de compétition entre les organismes.
- La complexité des relations entre les niveaux de gouvernement (fédéral, provincial/étatique, municipal) peut être un obstacle à la participation au marché du travail, étant donné un certain manque de cohérence entre les programmes offerts.
En étant familier·ères avec les enjeux spécifiques à la mise en œuvre des programmes de soutien à l’emploi dans le contexte fédéral canadien, les PDC peuvent mieux guider les personnes réfugiées vers la ressource qui correspond à ses besoins et les appuyer dans les processus administratifs parfois lourds et complexes.
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