Les étudiant·es en situation de handicap (ESH) dans les universités font face à des défis particuliers, notamment en ce qui concerne l’accès aux ressources et aux services, la communication avec les professeur·es et les pairs, et la gestion du stress et de l’anxiété. Une approche multidisciplinaire permet de mieux comprendre ces enjeux et la manière dont les personnes conseillères peuvent les aider à réussir et à concrétiser leur trajectoire de vie souhaitée.
L’étude de Philion et ses collègues a été menée à partir d’un questionnaire envoyé par courrier électronique à 1230 ESH de trois universités québécoises. 290 personnes ont répondu au questionnaire, et six personnes conseillères ayant une expertise dans le domaine de l’orientation professionnelle ou de l’orthopédagogie ont également été interviewées. Le but de l’étude est de comprendre le rôle des personnes conseillères aux ESH à l’université, en se concentrant sur les besoins d’accommodement et d’accompagnement exprimés par les étudiant·es. L’étude vise également à déterminer (a) quelles composantes de ce rôle relèvent de quelle expertise (orthopédagogie, orientation professionnelle et scolaire ou autres), (b) préciser les enjeux et les défis rencontrés dans ce rôle et (c) déterminer les actions à mettre en œuvre pour faire face à ces enjeux et défis.
L’article énonce d’abord les besoins d’accommodement et d’accompagnement exprimés par les ESH. Une majorité des ESH indique vouloir avoir accès à des accommodements pour les examens (79 %) et pour les cours (62 %). Plusieurs indiquent avoir des besoins d’information sur l’aide financière (45 %) et sur les services de psychologie et de diagnostics offerts par l’établissement scolaire (22 %). D’autres besoins de soutien ont été exprimés, notamment quant au développement de stratégies d’apprentissages (41 %), à la gestion des défis personnels (23 %), à la communication (23 %) et à l’utilisation des TIC (21 %), à la rédaction de travaux (21 %) et à l’orientation de carrière (9 %).
Ensuite, les entrevues ont permis d’éclairer la distribution des tâches du rôle des personnes conseillères. Le tableau ci-dessous indique les composantes du rôle de personne conseillère en fonction de leurs expertises respectives. On peut constater que plusieurs tâches se recoupent, ce qui renforce l’importance de la communication entre les personnes conseillères de diverses expertises et les autres personnes professionnelles et du corps professoral qui ont un rôle à jouer dans le processus d’intégration des ESH.
Champ(s) d’expertise Composantes de leur rôle liées aux besoins des étudiant·es | Ortho | CO et ortho | CO | Autres |
Accès accommodements | X | |||
Services complémentaires (informations) | X | |||
Soutien psychologique | X | |||
Évaluation diagnostique | X | X | ||
Dépistage des troubles d’apprentissage et TDA/H | X | |||
Aide financière | X | |||
Orientation de carrière | X | X | ||
Accessibilité physique | X | |||
Tutorat | X | |||
Soutien au développement de compétences | ||||
Utilisation des aides technologiques | X | X | ||
Stratégies d’apprentissage | X | X | ||
Rédaction travaux universitaires | X | |||
Gestion des défis personnels | X | |||
Divulgation des besoins | X | |||
Accompagnement indirect | ||||
Communiquer avec les professeur·es et les professionnel·les | X | |||
Accompagnement des instances dans la prise de décision | X |
Ortho : Orthopédagogue
Co : Conseiller ou conseillère d’orientation
La recherche de Philion et ses collègues révèle aussi que le rôle des personnes conseillères comporte son lot de défis. Parmi ceux-ci, l’article mentionne le manque de ressources et de soutien, la complexité des besoins des ESH et la nécessité de travailler en étroite collaboration avec les autres membres du personnel. Les pistes de solution avancées par les personnes conseillères participantes concernent principalement le déploiement de ressources financières et humaines nécessaires à une meilleure organisation des services de ESH. En conclusion, l’article rappelle que la complémentarité des expertises des orthopédagogues et des c.o. plaide en faveur d’une multidisciplinarité au sein des services pour les ESH. L’étude met également en lumière l’importance pour les ESH d’avoir la même personne conseillère attitrée tout au long de leur parcours universitaire pour garantir une continuité dans le suivi. Cela renforce l’idée que l’affectation d’une personne conseillère à un·e étudiant·e devrait être basée sur son expertise et sa capacité à répondre à la plupart de ses besoins spécifiques.
Réponses