Les jeunes en milieu rural sont sous-représentés comme clientèle des services d’insertion socioprofessionnelle. Pourtant, on sait que le plein accès aux services de proximité représente un facteur essentiel d’intégration. C’est particulièrement vrai pour les jeunes des régions rurales en situation de vulnérabilité, qui font face à plusieurs enjeux susceptibles de se transformer en barrières à l’utilisation des ressources disponibles. Dans ce contexte, quelles actions pouvons-nous mettre en place pour rendre les services plus attrayants et accessibles pour les jeunes?
Alberio et Handfield se sont penchés sur la question en examinant l’influence du milieu de vie rural sur l’accessibilité des jeunes aux services de première ligne. L’équipe de recherche a envoyé un questionnaire en ligne à 51 personnes intervenantes provenant des 40 organismes qui œuvrent auprès des jeunes de la MRC de la Mitis au Bas-Saint-Laurent, dans la province de Québec. Les auteurs ont également réalisé 22 entretiens semi-dirigés auprès de personnes intervenantes de 19 organismes différents. Les personnes intervenantes travaillaient dans les secteurs du développement de carrière, de la santé, de l’éducation, de la famille et de la justice.
L’article montre qu’il existe plusieurs freins à l’utilisation des services de proximité. Des solutions à ces barrières ont également été envisagées par les personnes intervenantes interrogées.
D’abord, les intervenant·es s’entendent sur le fait qu’il existe une méconnaissance des services offerts. Comme solution, plusieurs ont rapporté avoir mis sur place des initiatives de visibilité des services, comme la création d’un site Web et de pages de réseaux sociaux, des journées portes ouvertes et du travail de rue. La plupart reconnaissent que le bouche-à-oreille reste la façon la plus efficace de faire connaître les services.
La peur des préjugés, la crainte de la stigmatisation et le manque d’anonymat freinent également les jeunes à recourir aux services. La culture de la « débrouillardise », dans laquelle plusieurs jeunes sont plongés, dévalorise le fait d’aller chercher de l’aide lorsqu’une personne rencontre des problèmes. À cet effet, les personnes intervenantes ont proposé de faire des rencontres dans des endroits neutres et de créer un lien de confiance avec la personne cliente.
Une troisième barrière relevée est la difficulté à se déplacer jusqu’aux services. L’absence de véhicule, les transports en commun inadéquats et sous-utilisés ainsi que les coûts élevés de déplacement entravent la mobilité des jeunes ruraux. Pour contrer cette difficulté, les personnes intervenantes ont proposé la distribution de coupons de transport en commun et/ou le dédommagement des coûts d’essence. Une plus grande flexibilité d’horaire des personnes intervenantes pourrait aussi être appréciée par les jeunes.
Bien que certains de ces enjeux peuvent sembler de taille, il existe plusieurs recommandations que les PDC peuvent mettre en place à différentes échelles afin d’encourager l’accès à des services de qualité pour les jeunes qui vivent en milieu rural. En plus des pistes de solution mentionnées plus haut, les auteurs proposent de centrer les interventions sur les aspirations des jeunes afin de développer la motivation à agir. Concrètement, cela peut prendre la forme de mentorat, de la valorisation des professions locales et de la promotion de l’engagement communautaire. Finalement, les auteurs croient qu’il est fondamental de renforcer la capacité du travail en réseau afin de permettre un meilleur référencement vers les ressources adéquates.
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