La clientèle adolescente des PDC est particulièrement susceptible de vivre des symptômes d’anxiété. Le choix de carrière est un moment charnière dans le développement socioaffectif des adolescent·es, car ils et elles sont poussés à se visualiser dans le futur et à prendre action pour concrétiser cette vision. Ce moment peut générer de l’anxiété, surtout si le jeune n’a pas tous les outils pour maîtriser ses émotions.
Dupuis, Dionne et Saussez s’intéressent à l’efficacité des interventions de groupe pour réduire l’anxiété liée au choix de carrière des adolescent·es. L’équipe de recherche s’appuie sur le cadre théorique de la psychologie culturelle-historique de Vygotski pour jeter un regard nouveau sur les interventions de groupe documentées dans la littérature scientifique. Ces dernières sont plus souvent évaluées à partir de la perspective cognitivo-comportementale – une approche qui met l’accent sur la personne concernée et le moment présent, négligeant l’influence de l’environnement social et historique sur la réalité de l’individu.
La particularité de l’approche vygotskienne est de considérer l’impact de l’environnement social dans le développement psychique de l’humain. Elle soutient que le développement émotionnel est intimement lié aux activités du quotidien et au contexte culturel. L’approche vygotskienne permet aussi de considérer l’apport du groupe dans le développement de compétences individuelles pour gérer ses émotions, dont l’anxiété. Elle prend effectivement en compte que la présence de différentes personnes (intervenantes et clientes) dans la démarche permet d’accélérer la recherche d’outils et de solutions pour composer avec les émotions dites « négatives ».
La revue critique de la littérature faite par Dupuis, Dionne et Saussez soulève d’abord que peu de programmes de groupe visent spécifiquement la prévention de l’anxiété face au choix de carrière. Cependant, l’équipe de recherche constate que les interventions de groupe ont des bienfaits sur le bien-être des personnes adolescentes participantes, ce qui favorise la réduction des symptômes d’anxiété de façon générale – non pas uniquement face au choix de carrière.
Analyser les interventions de groupe selon la perspective de Vygotski permet de constater que l’anxiété face au choix de carrière est intimement liée au contexte social dans lequel évoluent les jeunes. L’anxiété ne relève pas uniquement de l’expérience individuelle : elle est aussi liée au fait que la société impose aux adolescent·es de faire un choix sur leur avenir dès la fin de l’école secondaire, et ce, sans considérer les différents stades de développement auxquels sont rendus les jeunes.
Selon Vygotski, le contexte d’intervention a également un impact sur l’efficacité de la démarche. Le groupe est un espace de soutien et d’empathie, alimenté par les pairs et l’intervention. L’étude permet de constater que le groupe favorise le développement émotionnel par l’apprentissage et l’observation. L’importance des mécanismes de transmission de connaissances en intervention de groupe, dont l’écriture et la parole, devrait être davantage étudiée afin de faire une évaluation plus complète des programmes d’intervention.
L’approche de Vygotski permet ainsi de mettre en lumière les apports de l’intervention de groupe pour réduire l’anxiété de la clientèle adolescente. Pour les PDC qui animent des ateliers de groupe auprès des jeunes, il peut être intéressant de discuter d’abord des causes sociales de l’anxiété des jeunes, dans l’idée de ne pas faire porter la responsabilité uniquement sur l’individu et sa capacité à réguler ses émotions. En aidant les jeunes à reconnaître et nommer l’anxiété et ses sources, les PDC leur permettent de se doter de moyens concrets pour transformer cette émotion en réel pouvoir d’agir.
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