Avez-vous déjà accompagné des jeunes démotivés et indécis face à leur avenir professionnel? Il y a de grandes chances que oui, considérant que seulement 9,6 % des jeunes âgés de 15 ans conserveront le même choix de carrière jusqu’à l’âge de 25 ans.
Les activités de développement de carrière peuvent permettre aux jeunes d’en apprendre plus sur leurs compétences et leurs intérêts pour, éventuellement, les mener à faire des choix concernant leur futur. Or, la motivation des jeunes à participer à ces activités varie. Par conséquent, les retombées des activités d’orientation et d’information scolaire et professionnelle peuvent être très positives pour celles et ceux qui sont motivés à y participer, et moins pour les autres qui y sont forcés. Du moins, c’est ce que les études sur l’indécision de carrière présupposent.
Boulet, Guay et Bradet posent la question autrement : et si c’était plutôt l’indécision qui influençait la motivation à participer aux activités d’orientation? Selon cette hypothèse, l’état d’indécision immobiliserait les étudiant·es, qui verraient progressivement leur motivation diminuer au fil des activités. Cette question est importante, car si tel est le cas, il faudra développer des stratégies d’intervention ciblées davantage sur les facteurs d’indécision des jeunes plutôt que sur leur motivation.
Les données de l’étude proviennent d’une enquête réalisée auprès de 834 jeunes de niveau collégial en 2001 et 2002. Deux questionnaires de 32 énoncés qui mesurent 4 types de motivation à l’égard des activités d’orientation ont été administrés. Ces types de motivation sont :
- la motivation intrinsèque, soit s’engager dans une activité pour la satisfaction personnelle éprouvée en la faisant;
- la motivation introjectée, soit s’engager dans une activité pour plaire ou pour éviter une émotion négative, comme la culpabilité;
- la motivation externe, soit s’engager dans une activité pour obtenir une récompense ou éviter une conséquence.
- External motivation, i.e. doing in an activity to obtain a reward or avoid a consequence.
La motivation intrinsèque ou identifiée aurait des effets plus positifs sur l’individu, tandis que la motivation introjectée ou externe pourrait nuire au sens de l’autonomie et à la satisfaction personnelle.
Les analystes statistiques sur les données de l’enquête ont permis de réaliser qu’il existe une relation entre l’indécision de carrière et la motivation des jeunes à participer aux activités d’orientation. En effet, ce serait l’indécision qui prédirait les formes de motivation, et non l’inverse. Plus précisément, l’article conclut que les jeunes qui sont indécis auront une motivation introjectée ou externe à participer aux activités d’orientation, plutôt qu’une motivation intrinsèque ou identifiée. Autrement dit, une personne indécise lors de sa première année de cégep verra son plaisir diminuer à l’égard des activités d’orientation et accordera ainsi une moins grande importance à ces activités. En revanche, elle verra son sentiment de culpabilité et son désir d’obtenir une récompense augmenter.
Les résultats de l’article permettent de constater que le fait d’intervenir sur la motivation des jeunes ne serait pas efficace pour diminuer l’indécision. L’article suggère plutôt d’intervenir directement sur les facteurs d’indécision, tels que l’anxiété. Comme pistes de solution, l’équipe de recherche propose notamment :
- d’offrir des services de qualité sur la gestion de l’anxiété lors de la prise de décision de carrière;
- de créer un environnement favorable pour que les étudiant·es identifient leurs valeurs et leurs intérêts;
- de favoriser l’expérimentation des différentes activités afin de permettre aux étudiants de découvrir leurs intérêts de carrière.
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