La plupart des pays occidentaux souffrent d’un manque de main-d’œuvre en raison de leur population vieillissante. Des mesures sont donc mises en place pour inciter les personnes en fin de carrière à retarder leur retraite et à rester actives sur le marché du travail. Cependant, des freins importants à leurs activités de travail persistent malgré les mesures gouvernementales, dont le désir de la retraite, la discrimination basée sur l’âge et les problèmes de santé liés à la vieillesse.
Boissonneault et Vilotitch s’intéressent aux liens qui existent entre la santé et la participation au marché du travail des personnes âgées de 52 à 70 ans. Leur étude se concentre sur huit pays occidentaux qui ont une population vieillissante : l’Angleterre, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, les États-Unis, l’Italie, les Pays-Bas et la Suède. En se basant sur les données des enquêtes publiques nationales des périodes 2004-2007 et 2012-2013, les auteurs ont analysé trois mesures objectives de la santé physique (la force de poigne, le test d’expulsion d’air et le test de la chaise) et une mesure de santé mentale (l’indicateur de dépression).
Les résultats ont indiqué qu’il y a eu une hausse du taux de participation des personnes de cette catégorie d’âge dans tous les pays entre les deux périodes à l’étude. Les auteurs expliquent ce phénomène par le fait que ces pays ont instauré, dans les dernières décennies, des politiques pour encourager l’emploi après l’âge supposé de la retraite. Cependant, cette hausse du taux d’emploi n’est pas équivalente pour toutes les personnes expérimentées : elle varie selon l’état de santé. Pour les personnes avec une santé plus fragile, changer l’âge de la retraite n’affectera pas leur taux d’emploi, car la santé (et non l’âge) détermine la fin de leur carrière professionnelle. Pour les personnes avec une meilleure santé, au contraire, le fait d’augmenter l’âge supposé de retraite contribue à leur maintien en emploi. Il est à noter que toutes les personnes avec une santé plus fragile ne sont pas nécessairement absentes du marché du travail : seules les personnes expérimentées avec une santé significativement plus faible que la moyenne sont inactives en raison de leur santé.
Les auteurs constatent également que la santé a la même influence sur la participation au marché du travail dans tous les pays à l’étude, mais qu’il y a des différences marquées au niveau de l’influence de l’âge. Certains pays ont effectivement des politiques de prestations de retraite moins généreuses ou avec des critères d’admission plus difficiles, incitant parfois les personnes de ces pays à repousser leur âge retraite. L’étude de Boissonneault et Vilotitch permet de rappeler que les personnes expérimentées peuvent grandement contribuer à la vie économique de leur communauté, et ce, même après l’âge de la « retraite » fixée par les institutions. Les PDC ont un rôle intéressant à jouer dans la valorisation de l’expérience et de l’expertise des personnes en fin de carrière, afin qu’elles puissent continuer de s’accomplir par le travail — si, bien sûr, leur santé le permet.
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