Face à la montée des emplois dits « atypiques », tels que les emplois à temps partiel, le travail autonome et les contrats à durée déterminée, les jeunes entretiennent des rapports complexes avec le monde professionnel. Cette évolution peut offrir des opportunités intéressantes, mais elle peut également être source de précarité et d’instabilité professionnelle, ce qui redéfinit la manière dont les individus abordent leur vie professionnelle. Les PDC qui accompagnent les jeunes dans cette réalité changeante auront tout intérêt à comprendre le point de vue des jeunes à ce sujet.
Longo, Bourdon et Dionne proposent une recherche longitudinale sur 5 ans qui interroge le rapport à la vie professionnelle de 54 jeunes étudiant·es du cégep1 âgés entre 17 et 19 ans au Québec. Les 265 entretiens conduits à travers les années ont porté sur quatre dimensions du rapport à la vie professionnelle :
- le rapport à l’activité, soit le sens du travail et la place qu’il occupe dans la vie;
- le rapport au travail, soit les raisons individuelles pour travailler;
- le rapport à l’emploi, soit les critères qui guident le choix d’un emploi;
- le rapport au monde professionnel, soit les façons de traiter les obstacles ou les possibilités du marché du travail.
D’abord, concernant le rapport à l’activité, les résultats de l’étude indiquent que le travail demeure une dimension importante de la vie des jeunes. Pour la majorité des répondant·es, le travail était tout aussi important que les études et le développement personnel, voire relativement plus important. Une minorité de jeunes a priorisé le travail de manière absolue (10 sur 54).
Près des trois quarts des jeunes de l’étude travaillent pour obtenir une rémunération et assurer leur indépendance. Cela dit, le rapport au travail n’est pas uniquement instrumental – il est également source d’épanouissement, de gain d’expérience et de construction de liens sociaux pour la plupart des répondant·es.
Pour ce qui est du rapport à l’emploi, de nombreux critères de sélection ont contribué au choix des jeunes, dont l’ambiance de travail, l’horaire, la distance de l’emploi, la stabilité, la sécurité d’emploi ainsi que les possibilités d’avancement. Pour le choix d’un emploi étudiant, ce sont l’ambiance, l’opportunité, la tâche et l’horaire flexible qui sont priorisés. Pour le choix d’une carrière professionnelle ou, selon les jeunes, d’un « vrai métier, » ce sont plutôt la tâche, la stabilité et le salaire qui ont été favorisés.
Enfin, l’analyse du rapport au monde du travail indique que les jeunes sont au fait des obstacles et opportunités qu’offre le marché du travail actuel. Le rapport au monde professionnel est assez partagé – 27 jeunes étaient plutôt optimistes quant à leur perspective d’emploi, alors que 24 semblaient pessimistes et 4 étaient indifférents.
Au terme des cinq ans de l’étude, Longo et ses collègues ont pu constater que les rapports à la vie professionnelle sont susceptibles d’évoluer dans le temps. Par exemple, la priorité donnée à l’activité professionnelle s’accroît avec le temps et les jeunes voient le travail comme de moins en moins instrumental. Autre constat : les rapports à la vie professionnelle ne se concrétisent pas toujours dans une réalité. En effet, il est possible que les jeunes qui priorisent le travail retardent leur insertion professionnelle ou que ceux et celles qui choisissent une trajectoire de carrière en fonction du salaire ne soient pas les mieux rémunérés. La complexité des aspirations des jeunes, de pair avec un marché du travail en constante évolution, confirme le rôle important des PDC dans l’accompagnement de la prochaine génération vers un parcours professionnel à leur image.
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